Manoé

Je peins parce que la peinture est venue à moi.

Un jour elle m'a trouvée et n'est jamais repartie.

Rien ne nous poussait l'une vers l'autre,

aucune étude, aucune connaissance

Un coup de foudre, quelque chose d'imprévisible, un étonnement.

 

La peinture est maintenant mon langage,

Celui qui résonne hors les mots,

celui qui ne s'entend pas mais se regarde

Un langage de sensations, d'impressions.

 

La peinture est ma compagne à la recherche de moi-même.

Toute mon histoire de peintre peut se résumer par ce mot.

Chercher en soi, chercher son geste comme on cherche ses mots

Chercher à dire l'indicible, à montrer l'invisible.

Je ne sais jamais ce que je peindrai demain,

vers quel ailleurs la peinture m'emmènera.

J'aime ce moment avant la peinture,

le blanc de la toile ou du papier

comme un vide devant moi

dans lequel je dois me laisser tomber,

Une chute, un abandon.

J'aime raconter des histoires, toutes différentes,

qui parlent de ce qui s'agite en moi, de ce qui m'anime.

 

J'aime cette ligne étroite entre abstrait et figuratif,

Cette ligne si fine qu'elle en devient transparente.

Pousser l'autre à regarder encore, à regarder plus loin

Et à se poser des questions.

L'emmener dans ce lieu étrange et fort

où c'est l'imaginaire qui crée la réalité

Dans ces espaces, l'humain apparait parfois,

Une simple silhouette, volontairement anonyme.

 

Juste des ombres, issues de la terre, qui passent.